Monumentalité et miniature... chez Jean Clouet Portrait équestre de François 1er Etude de François Murez |
François 1er, peinture équestre - Jean Clouet (école de) - XVIème
(Miniature, 27 cm x 22 cm - Musée du Louvre)
La miniature de Jean Clouet se caractérise par une verticale forte donnée par la colonne à droite (verticale pour monde divin) et par
l’horizontale donnée par le sol (horizontale pour monde terrestre).
Le ciel d’un bleu royal, fond bleu d’infini, appartient au divin. Le sol, blanchâtre, avec quelques herbes à peine énoncées, appartient au terrestre.
La colonne qui trace l’élan vers le divin, est faite d’une pierre claire qui la lie au terrestre ; c’est un lien de passage entre les deux mondes.
Le roi François 1er, se dresse droit, hiératique, et porte une armure bleue qui l’intègre de fait au ciel. Le roi, par ce jeu de couleurs et de verticales,
participe au divin. Seuls les ornements dorés de son armure le maintiennent visuellement sur le devant de la scène.
Son cheval, monture royale, horizontal et blanc, est lié au terrestre.
Le roi appartient donc aux deux mondes. La monumentalité de cette miniature lui assure un rôle dominant dans cette appartenance.
Monumentalité obtenue par le traitement très rigoureux de l’œuvre, par l’opposition du roi, de son cheval, très richement traités, et du décor
(colonne, sol, ciel) très dépouillé. La nature (quelques herbes au sol, quelques touffes sur la colonne) s’efface complètement devant tant de magnificence.
Miniature peinte sur une feuille en vélin, certainement coupée en deux comme c’était l’usage à cette époque, l’autre moitié ayant peut-être servie
à faire le dessin préparatoire à la même échelle.
La composition repose sur la section d’or. Le cercle de diamètre égal au petit côté de la miniature, complété des deux pentagones habituels à ces
constructions donne les rythmes d’or.
Dans cette miniature, le cercle n’est pas disposé au milieu du côté mais légèrement décalé sur la droite. Le décalage vers la droite du cheval
figure l’entrée en scène de la monture et anime l’ensemble qui serait alors figé si la composition était centrée.
Le milieu vertical de la miniature donne l'axe de la tête du roi François.
Un deuxième cercle identique est placé dans le même axe vertical mais légèrement décalé sous le milieu de la hauteur.
Le décalage vers le bas de ce deuxième cercle rapproche le cheval du sol et par opposition élève le roi.
Le cercle calé sur le haut de la miniature et décalé sur la droite donne la position de la tête du cheval, d'une patte. Un axe tracé à partir des pentagones
donne le dos du cheval.
L'autre cercle sur le bas donne la position du sol, place une autre patte, donne la hauteur des parements du cheval...
La décomposition de la largeur da la miniature selon les rapports d'or (traits rouges) donne le positionnement de nombreux éléments ainsi que
les reliefs de la colonne. Nous pourrions aller plus loin dans cette démarche pour indiquer d'autres éléments de la miniature ainsi positionnés.
Ainsi, Jean Clouet introduit dans tous ses détails la proportion divine. Le tableau est cadencé par ce rapport dans sa verticalité, ce qui amène
cohérence, équilibre et monumentalité ...
Toutes ces lignes de construction pour une si petite miniature ...
Pour exemple, l'orientation de l'épée est donnée par une diagonale qui s'appuie sur une verticale donnée par les pentagones et par une horizontale donnée
par le bas du cercle...
Pour dernier exemple, un cercle dont le diamètre est la demi-largeur de la miniature donne précisément la croupe du cheval ...
Cette même composition se retrouve dans l'autre représentation de François 1er qui se trouve au Musée des Offices à Florence.
Le travail de Clouet a servi ensuite à d'autres peintres qui s'en sont fortement inspiré...
Soit en copiant et retournant le dessin ...
Henri II - Anonyme - 2ème moitié XVIème
(Chantilly - Musée Condé)
Soit en ne gardant pas le sol et la colonne ...
Henri III - Antoine Caron - 2ème moitié XVIème
(Chantilly - Musée Condé)
Soit ...mais on s'éloigne de la qualité originelle