Courbet - L'Origine du monde Composition géométrique du tableau Etude de François Murez |
A la question de savoir si l'Origine du monde est une toile complète ou le fragment d'une toile plus grande qu'aurait coupée Courbet,
il est intéressant de répondre par une approche de l'oeuvre par la composition.
Courbet et les peintres de son époque sont peu intéressés par la composition des tableaux et se contentent bien souvent d'utiliser le
rabattement des côtés. C'est ce que précise Charles Bouleau dans son ouvrage sur la Géométrie secrète des peintres.
Avant de regarder l'Origine du monde, oeuvre qui porte à discussions, analysons un tableau de même dimensions (55cm x 46 cm)
La Réflexion
La Réflexion (1864) - Musée de la Chartreuse, Douai
Appliquons un premier carré et ses diagonales.
Ce carré détermine précisément la tête de la femme, place sa main et le décoletté.
Plaçons maintenant le deuxième carré.
Il place l'habit et l'oreille.
Traçons des verticales et horizontales aux différentes intersections de diagonales.
Le nez se place, une boucle de cheveux, le ruban dans les cheveux, ainsi que le menton.
Pour finir, une diagonale place l'épaule.
Ainsi sur ce tableau, le rabattement des côtés est bien appliqué par Courbet pour placer les éléments de son tableau.
Alors qu'en est-il pour l'Origine du monde ?
L'origine du monde
L'origine du monde (1866) - Musée d'Orsay, Paris
Plaçons un premier carré.
L'intersection des diagonales donne précisément la position du pubis.
Plaçons l'autre carré.
Puis un certain nombre de verticales et horizontales issues du croisement des diagonales.
Il est vrai que ce quadrillage de lignes ne donne pas grand chose. Mais aussi, ce n'est pas étonnant puisque le tableau est tout en diagonales.
Alors ?
Traçons maintenant quelques diagonales issues des extrémités de ces lignes précédentes.
Cela donne précisément une jambe et le corps de la femme. Les diagonales font deux points de fuite qui donnent la profondeur au
tableau.
Pour finir, traçons d'autres diagonales suivant le même principe.
Le drap est ainsi placé et par ces trois lignes, il enveloppe le corps, l'habille tout en magnifiant sa nudité.
Mes travaux sur la composition géométrique m'ont appris que tous les grands artistes s’appuient sur le cadre de leur tableau pour
construire leur composition, qu’ils soient férus de géométrie comme Clouet, Domela ou Mondrian, qu’ils fuient les règles comme Arp,
qu’ils soient déjà embrassés par la mort comme Staël ou orientaux comme Wu Zhen… Le cadre détermine la composition,
une fois que le peintre a choisi son principe de construction (section d’or, rabattement, …)
La composition par le rabattement des cotés est un lieu commun à l’époque de Courbet. L’organisation du tableau de Courbet colle trop
aux lignes déterminées par cette composition dite du rabattement des côtés pour être le fruit d’une découpe ultérieure même avec un œil
exercé.
Mais après tout, que ce soit un tableau complet ou un fragment, cela restera toujours de la belle œuvre et c’est la seule chose qui compte.